Certains Wattrelosiens ont connu une destinée particulière.

Adolphe Verdonck

Adolphe Verdonck
Adolphe Verdonck

Vendeur de journaux, tel était le métier d’Adolphe Verdonck. Des journaux qu’il ne pouvait pas lire. Adolphe était non-voyant.

On comprendra qu’il n’avait pas choisi la facilité dans son orientation professionnelle, d’autant qu’Adolphe était partiellement itinérant : à la fois basé dans un kiosque dont il avait obtenu l’édification sur la Grand Place et colporteur jusqu’à la douane de la Houzarde où transitaient de nombreux travailleurs transfrontaliers.

Cette histoire se passe dans les années 20. Autant dire en des temps reculés pour Wattrelos, marquée par une pauvreté proche du bidonville et des conflits sociaux terribles au point d’affamer des milliers de familles.

Cela signifie que, même affublé d’un tel handicap, Adolphe, cadet d’une famille de neuf enfants, est bien obligé de se débrouiller pour survivre.

Après avoir étudié la musique à Wattrelos puis à Lyon après la première guerre mondiale, il crée son entreprise dans sa ville natale en 1924, aidé de quelques amis. Au bout de quelques temps, Adolphe est complètement autonome : il est capable d’identifier pratiquement toutes ses revues au toucher, selon la taille, la qualité du papier, sans doute à l’odeur aussi, et fait preuve d’une rigueur dans le classement qui lui facilite considérablement la tâche. Quant aux prix, ils sont indiqués sur des étiquettes en braille.

Privé de la vue pratiquement dès la naissance (elle s’est éteinte peu à peu jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 13 ans), Adolphe développe d’incroyables facultés, notamment auditives, et une mémoire très fidèle : il est capable de se diriger dans la ville et d’emprunter sans guide les grands axes malgré un trafic important.

De notre vendeur de journaux, que tout le monde appelait par son prénom, il reste aujourd’hui l’image d’un homme courageux, affable et dont l’égale bonne humeur était à elle seule une vraie leçon de vie.

Source : bulletins de l'association de recherches historiques de Wattrelos.

Les huit frères Doyen

Les huit frères Doyen
Les huit frères Doyen

C’est l’histoire d’une famille et d’une fratrie musicienne. Une fratrie qui présentait la particularité d’être essentiellement masculine, car sur les dix enfants qu’eurent Monsieur et Madame Doyen, huit furent des garçons nés entre 1877 et 1894 !

Certes, les familles nombreuses n’étaient pas rares à la fin du XIXe siècle - c’était même la norme - et cette famille wattrelosienne aurait pu être une famille comme les autres si nos frères n’avaient été élevés dans les règles de l’art musical.

Citons leurs prénoms : Paul, Emile, Charles, Joseph, Edouard, Fernand, Louis et Albert-Lucien formaient un octuor d’excellente qualité, chacun étant doué pour un instrument. Des musiciens qui se produisaient aussi bien à Wattrelos (aux Enfants de la Lyre, à la Musique municipale) que de l’autre côté de la frontière, un peu à la manière de nos actuels musiciens de la Band’As.

Parmi ces frères, quelques uns se distinguèrent plus particulièrement : Emile, Charles et Joseph furent les fondateurs de la Lyre d’Estaimpuis.

Charles fut l’un des meilleurs musiciens de la région au bugle solo (sorte de clairon).

Joseph, à la fibre artistique plus développée, était également peintre et dirigeait la troupe théâtrale du cercle Saint-Marcel de Beaulieu.

Fernand fut particulièrement précoce : à 8 ans, il jouait déjà du cornet en public avec ses frères !

Enfin, Albert-Lucien fut le plus connu : compositeur pour de grandes sociétés françaises, il déposa près de 600 œuvres à la SACEM, dont certaines rencontrèrent le succès.

Quatre des frères Doyen connurent un destin dramatique à différents degrés : Fernand et Albert-Lucien furent mutilés durant la première guerre mondiale, Paul mourut aveugle et Louis, le petit dernier, tomba au champ d’honneur, toujours lors de la première guerre mondiale. Il n’était âgé que d’une vingtaine d’années.

Source : bulletins de l'association de recherches historiques de Wattrelos.

Sœur Rose

Soeur Rose
Soeur Rose

Les habitants du Laboureur l’appelaient la grande Hélène mais c’est certainement de Sœur Rose, née Hélène Vanalderwelt, dont on se souviendra.

Une sœur entrée en religion à la fin des années 1920 et qui devint une héroïne de la seconde guerre mondiale en soignant et en opérant, sans formation ni diplôme, des centaines de blessés durant la bataille de Dunkerque en 1940.

Elle fit preuve d’un tel acharnement thérapeutique qu’elle affirmait ne pas s’être couchée entre le 19 mai et le 4 juin 1940, soit durant plus de deux semaines ! « Je ne m’en ressentais point, commentait-elle. Le Bon Dieu accorde parfois cette résistance exceptionnelle. Je l’en remercie chaque jour. »

Le dévouement de Sœur Rose, devenue extrêmement populaire, força l’admiration et lui attira nombre de récompenses : en avril 1941, elle reçut la croix de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur des mains du cardinal Liénart (elle fut la première religieuse de France à être décorée pour faits de guerre !), ainsi que l’insigne de vermeil de la Croix-Rouge française, et surtout… un diplôme d’Etat d’infirmière hospitalière décerné à titre exceptionnel !

Elle travailla par la suite à l’hôpital militaire de Lille, puis aux usines Kuhlmann en qualité d’infirmière. Elle entra dans la Résistance et reçut le diplôme de reconnaissance du War Office et la Croix du capitaine Michel. Elle est décédée en 1980.

Source : bulletins de l'association de recherches historiques de Wattrelos.

Les centenaires

Difficile de dire combien Wattrelos a compté et compte de centenaires.

La première

On ne sait si elle fut réellement la première tant il est difficile de remonter avec certitude dans le passé, mais ce qui est sûr c’est que Marie-Rose Roussel-Lecroart, native de Mouscron, fêta ses 100 ans à Wattrelos en 1890 et qu’elle vécut jusqu’à… 106 ans, 4 mois et 14 jours !

Quant à la première centenaire native de Wattrelos, il s’agit probablement de Charlotte Ducoulombier-Desmulliez. L’événement – c’en était un – remonte à 1931, et le Journal de Roubaix de l’époque raconte comment on célébra cet anniversaire : cortège avec cavaliers jusqu’à l’Hôtel de ville, réception par le maire (Henri Briffaut), messe, de nouveau cortège jusqu’au café Deghin à la Martinoire pour les félicitations d’usage, banquet, concerts et retraite aux flambeaux ! De quoi désemparer notre centenaire qui passa une bonne partie de la journée à sillonner la ville assise dans une charrette précédée par la fanfare…

La doyenne

Il est peu probable qu’une Wattrelosienne ait vécu plus longtemps qu’Adolphine Bonte-Vanalderwelt, décédée en 1997 à l’âge de 106 ans, 7 mois et 20 jours. Une longévité héréditaire puisque la grand-mère d’Adolphine, née sous la Révolution, s’était quant à elle éteinte à l’âge de 101 ans.

Les hommes

On n’en recense que deux, selon les informations à disposition : Constant Hutin (voir ci-dessous) et Emile Biasino, Wattrelosien de naissance à présent décédé et qui a soufflé ses cent bougies en 2003.

Un couple

Les époux Hutin
Les époux Hutin

Fait unique dans les annales de la commune, Wattrelos a compté un couple de centenaires : Constant et Marie Hutin, respectivement 100 et 102 ans. A présent décédés, les époux Hutin – qui n’étaient pas natifs de Wattrelos - détiennent un autre record : ils sont les seuls à avoir fêté leurs noces d’albâtre (75 ans de mariage) dans la commune. C’était en 2000.