Les mairies de Wattrelos

Avant de trouver son emplacement actuel, il y a moins d’un siècle, la mairie de Wattrelos a connu deux autres localisations. Certes, les besoins de l’administration n’étaient pas les mêmes, mais on y a quand même vécu de drôles de situations…

Il faut pointer l’aiguille de la machine à remonter le temps sur le XVIIIème siècle, au moment de la Révolution française, pour retrouver la trace de la première mairie de Wattrelos. Pas très loin de la Grand’Place : dans la petite rue en pente que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de rue Pierre Catteau. De mairie, le bâtiment n’a que le nom : juste une maison à quadruple distribution, avec un porche central et une fenêtre au-dessus d’où sont proclamées les annonces publiques. C’est aussi à cette fenêtre qu’apparaît pour saluer la foule le premier maire de Wattrelos, Pierre-Joseph Lefebvre, lorsqu’il est élu, avant de se rendre à l’église pour prêter serment. Qu’y fait-on dans cette mairie ? Le strict minimum administratif : les actes d’état civil, les mariages, les réunions du conseil municipal… dans une salle qui sert de bistrot le reste du temps ! Il faut se remettre dans le contexte de l’époque : Wattrelos n’est qu’un groupement de hameaux agricoles et la population ne représente pas le quart de celle d’aujourd’hui.

Bien entendu, le besoin d’espace se fait rapidement sentir. Un nouveau bâtiment est trouvé en 1856, rue de Leers (actuelle rue Florimond Lecomte). Alors, heureux les agents administratifs ? Pas vraiment : ils doivent partager les locaux avec une école, le poste de police (des gardes-champêtres, plus précisément), puis avec La Poste ! Le maire n’a pas de bureau : il reçoit les gens dans le couloir, ou doit faire sortir son secrétaire de l’unique bureau. Quant à la salle du conseil municipal, elle sert également pour les vaccinations, la consultation des nourrissons et même l’inspection des viandes !

Dans un long plaidoyer pour que la commune, qui approche les 30 000 habitants, se dote enfin d’un Hôtel de ville digne de ce nom, Charles Leman, conseiller municipal, invite ses collègues à prendre la décision de sa construction tant attendue. Tant attendue ? Pas par les conseillers d’opposition, notamment les socialistes Henri Briffaut et Florimond Lecomte (futurs maires de Wattrelos) qui votent contre. Florimond Lecomte, qui ne manque pas de bon sens, explique que la priorité est d’abord d’installer un réseau d’eau potable dans les nombreux quartiers où les habitants et leurs enfants meurent chaque jour, empoisonnés par l’eau de leurs puits… Difficile de trouver un argument plus convaincant et pourtant, le 8 octobre 1911, la première pierre de l’Hôtel de ville(photo) de Wattrelos est posée. Le bâtiment se raccroche à celui de « l’hospice des vieux hommes », situé perpendiculairement, et bien sûr désaffecté.

La mairie ne connaîtra pas de modification extérieure jusqu’aux années 60 : l’aile des services administratifs, sur la gauche, est construite, avec pour accès un escalier peu pratique. Mais le contraste de style avec l’ancien bâtiment est particulièrement inesthétique. En 1968, le vieil Hôtel de ville est remodelé, pour constituer un ensemble cohérent, et profondément réaménagé de l’intérieur. L’ensemble sera de nouveau « lifté » au début des années 90 : c’est l’Hôtel de ville que nous connaissons aujourd’hui.

Le stade Amédée-Prouvost

Prestigieux dans l’histoire du football de la région, le stade Amédée-Prouvost l’est moins dès lors que l’on évoque l’arrivée du Paris-Roubaix cycliste de 1929.

En effet, cette année-là, il accueille l’arrivée de la fameuse classique pour la première et dernière fois. Le vélodrome de Roubaix, inutilisable depuis la guerre, a été délaissé les années précédentes pour l’avenue des Villas à Roubaix. Mais pour pouvoir faire payer des droits d’entrée, rien de tel qu’un stade du point de vue des organisateurs. Celui de Wattrelos est donc choisi, et mal choisi.

Car avec sa piste en cendrée, il n’est guère facile d’y rouler et le jour de l'épreuve, les trois coureurs de tête en font l’amère expérience en étant contraints de rouler au pas avant le sprint final. Cela ne prémunit pas de la chute le grand favori, le Belge Georges Ronsse, qui dérape dans le dernier virage et brise sa roue avant alors qu’il a course gagnée, insistant impuissant à la victoire de son compatriote Charles Meunier.

La confusion gagne le stade et le public envahit la piste ! Du coup, les officiels sortent du stade pour bloquer l’arrivée des autres coureurs et renoncent à faire disputer le sprint pour la quatrième place. Les commentaires de presse sont catastrophiques : « C’est inadmissible ! », « Que se serait-il passé si un peloton groupé s’était disputé la victoire ? », « Comment peut-on faire arriver une prestigieuse classique comme Paris-Roubaix sur une piste en cendrée ? » (source : Un siècle de Paris-Roubaix 1896-1996, Pascal Sergent, éd. De Eecloonaar, 1996)

Heureusement, le stade Amédée Prouvost connaîtra des heures plus glorieuses. C’est en effet le stade mythique de football du club olympique de Roubaix-Tourcoing. Construit en 1923, il abrite dès cette époque les activités les plus diverses : tennis, jeu de boules, gymnastique, ping-pong, basket.

A partir de 1927, l’Excelsior de Roubaix y installe ses équipes de football et d'athlétisme. Son équipe professionnelle de football gagne en 1933 la finale de la coupe de France. En 1945, l'Excelsior fusionne avec le Racing Club de Roubaix et l'Union Sportive de Tourcoing pour former le C.O.R.T. La fusion entre les trois grands clubs n’est effective que pour les équipes premières. Le premier président du C.O.R.T. est Albert Prouvost.

Les premières saisons, de 1945 à 1947, les parties ne se jouent pas toutes à Wattrelos ; ce n'est que lors de la saison 1947-48 que les matches ont lieu au stade Amédée Prouvost.

Le C.O.R.T. prend un départ tonitruant dans le professionnalisme : 3ème en 1946, champion de France de première division en 1947 avec les célèbres joueurs Julien Darui (gardien de but de l'équipe de France), Henri Hilt, Jacques Leenaert, Roger Grava, Stanislas Sumera... Pendant dix ans, le C.O.R.T. marque le championnat de France avec notamment Lazare Gianessi, Michel Frutoso, Roger Boury, Jacques Delepaut, Georges Sésia, Jean Lechantre, Jacques Bohée, Jules Claessens, Richard Desrumeaux...

Pendant la saison 1954-55, les résultats sont médiocres et le C.O.R.T. termine dernier. Ce sont les adieux à la première division. Le C.O.R.T. évolue ensuite en 2ème division de 1955 à 1963, réalisant des performances moyennes. À la fin du championnat 1962-63, le comité directeur décide l'abandon du professionnalisme et le club continue avec un statut amateur jusqu'en 1970. Le C.O.R.T. disparaît le 15 juin 1970 et repart sous le nom d'Excelsior de Roubaix A.C.

source : http://c.o.r.t.free.fr